Les Quakers à Congénies

Quelques Images de Congénies

Des Quakers “corsaires”? Eh bien! Pas tout à fait! C’était pendant la Guerre d’Indépendance américaine, 1775-83. Nous (les Français) étions du côté des colons rebelles, et le monarque britannique encourageait les bateaux anglais à attaquer tous les bateaux français trouvés en mer. Un Quaker anglais, Joseph Fox de Falmouth, était co-propriétaire de trois vaisseaux: Greyhound, Dolphin et Brilliant. Contre son gré, ses associés attaquaient et capturaient des bateaux français qui traversaient l’Atlantique. L’activité corsaire était très profitable.

Joseph Fox était consterné. En 1785 par l’intermédiaire de son fils Edouard, il réserva un emplacement dans la Gazette de France officiel. Il y écrivit que les Quakers ne soutiennent ni la guerre ni le vol, et il expliqua en détail la foi et pratique de la Société Religieuse des Amis. En conséquence, il offrit de dédommager toutes les victimes de ses trois bateaux et les invita à écrire à l’Hôtel d’York à Paris, où son fils les rembourserait de leur pertes. Cette annonce étonna le public français, et les victimes furent effectivement remboursées. Comme il y avait parmi elles les propriétaires d’un bateau de Sète, la Gazette a été lue à Congénies, village du Languedoc, près de Nîmes.

Depuis toujours pays de penseurs indépendants, Congénies était le foyer des “Couflaïres” ou “Inspirés”. Cinq d’entre eux signèrent une lettre pour Edouard Fox, expliquant qu’ils ne faisaient pas de réclamation, mais qu’ils partageaient entièrement les idées quakers, et qu’ils aimeraient rencontrer un homme aussi inspiré par l’honnêteté et le pacifisme. Jean de Marsillac fut envoyé en visite à Londres, et en 1788 les “Inspirés” devinrent la première Assemblée Quaker en France (Le bicentenaire fut célébré par les Amis français en 1988).

Une Maison d’Assemblée fut construite en 1822 grâce à un legs de Chamless Wharton de Philadelphie. Un cimetière quaker y fut adjoint par la suite.

L’Assemblée de Londres  prêta grand intérêt à cette communauté, et des célébrités quakers, telles que Stephen Grellet, Elizabeth Fry et Sarah Grubb leur rendaient visite régulièrement. La communauté quaker française s’est éteinte au début du 20ème siècle. Car, pour échapper au service militaire obligatoire, les jeunes gens quakers pacifistes se sont expatriés; les filles se sont mariées “en dehors” de la Société et la Maison d’Assemblée a été vendue.

Mais depuis 1994 des cultes quakers ont recommencé dans une maison particulière à Congénies, et la Maison Quaker est en train de reprendre vie.Consulter le site web pour connaître l'actualité si attrayante.

Au-delà des pierres, la maison et le cimetière quakers de Congénies restent et doivent rester, en France, un lien avec ces âmes fortes qui furent contemporaines des premiers Amis anglais et qui témoignent encore aujourd’hui de la spiritualité quaker dans l’assemblée silencieuse, l’action non violente et le combat pour la justice. A l’Assemblée de France, nous nous reconnaissons comme héritiers de ces Couflaïres et nous souhaitons pouvoir faire partager cet héritage au reste du monde.